+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Je suis originaire de Sezni et comme mes semblables, j’arrivais très bien à vivre dans cette région pourtant aride où rien ne pousse et où même les animaux n’arrivent généralement pas à se reproduire. Si j’en suis parti, c’était pour me faire un nom dans mon métier et connaître d’autres horizons, d’ailleurs même à présent que je vis à Dahud, je m’absente régulièrement pour des voyages d’affaires. En effet, il me plaît de rencontrer d’autres artisans et créateurs qui tout comme moi, apprécient les métaux et les pierres. Je ne suis pas venu pour cela mais puisque je me trouve ici, il va de soi que je représente le Dictateur que je soutiens totalement. Pour moi, il est l’homme de la situation qui nous a préservés de la monarchie. Il est tout naturel que je le soutienne ici à Dahud.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Je n’ai plus de contact avec ma grande sœur ni mes deux frères. Eux aussi connaissaient bien le feu. Pourtant à part cela, même si les liens familiaux qui nous unissaient étaient forts, nous nous sommes perdus de vue. La vie nous a tout simplement éloignés les uns des autres et portés sur d’autres rivages. Je leur garde un bon souvenir et espère qu’un jour on sera réunis à nouveau. Je suis d’un naturel assez méfiant et ne me hasarderais pas à qualifier quelqu’un d’autre comme ma famille, même pas mon épouse dont je me méfie également. Bien qu’elle soit mienne, je ne lui tournerais pourtant pas le dos. On ne sait jamais…
+ Quel élément t'a été attribué lors de la Cérémonie ? Que ressens-tu vis-à-vis de ton don ?
Bien entendu, le feu. Je suis on ne peut plus en accord avec mon don, cela fait tellement d’années que je ne me souviens que très peu de la Cérémonie. A cette période je faisais mes premières découvertes alors qu’aujourd’hui le feu me consume sans pour autant que cela me crée le moindre désagrément. Bien au contraire, je me sens plus fort et plus aguerri, nourri par l’élément que l’on m’a pourtant certes attribué. Je contrôle les flammes et au point où j'en suis de mon don actuellement, je peux même créer et lancer des projectiles.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
J’irais bien visiter Sterenn, car voyez vous, aussi étrange que cela puisse paraître, cette région m’intrigue. Je trouve néanmoins ridicule d’élire ses dirigeants, je suis pour la fermeté et soutiens notre dirigeant du sud. Sa politique et sa montée au pouvoir me paraissent bien plus spectaculaires que… des élections. Cependant, j’aimerais voir ses volatiles et sa capitale située sur la montagne. Le niveau de vie somme toute assez modeste me permettrait de me fondre dans le paysage et de mener une retraite paisible sans éveiller les soupçons, j’y songe quelques fois. Je ne me verrais toutefois pas participer à leurs (trop nombreux) rassemblements, je suis de nature assez libre et solitaire.
+ Quel est l'élément dont tu te méfies au plus haut point ? Pourquoi ?
L’Air représente pour moi un danger constant car certains de ces gens connaissent le secret des tempêtes ou du vent. Si je ne suis point effrayé par les plus jeunes d’entre eux, les plus âgés en revanche peuvent, je le pense, créer la surprise. Il est heureux que l’on n’en croise pas tous les jours. Ils pratiquent également la méditation, tout comme moi. Ce sont des gens droits, c’est là par contre que tout nous différencie. Je ne mets pas un point d’honneur à la droiture car cela m’enchaînerait à une ligne de conduite et j’estime que ma liberté de chaque instant est plus importante qu’une correction somme toute bien relative. Définir clairement les choses par avance me dérange et je ne partage pas leurs valeurs mais je les crains car les estime comme des adversaires à la hauteur. A ce moment de ma vie, là où en est mon don, je ne crains que les plus âgés d’entre eux ou les jeunes qui dans leur fougue et leur inexpérience pourraient causer des dégâts considérables sans le vouloir.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Je serais tenté de vous dire qu’il n’y a rien à signaler si ce n’est que je compte réduire ma propre femme à la servitude la plus vile. En effet, je compte lui supprimer tous ses droits et de la contraindre au même titre qu’une esclave toutefois sans que cela soit officiel. Pourquoi rendre les choses si palpables, si visibles ? Je suis un bon époux voyons. D’autant plus que j’ai une image de marque à conserver.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Tout le monde sait que je suis joaillier. Il va de soi que je dois pouvoir voyager pour me procurer de belles pierres, des métaux précieux à un prix avantageux pour moi, rencontrer d’autres artisans et échanger avec eux. Je suis un artiste, un créateur. Si toutefois, de temps en temps j’étais reçu par le Dictateur, ne voyez à cela aucunement quelque chose d’officiel. Les postes officiels ne m’intéressent pas. Je suis un artiste, j’aime la liberté. Quelque chose de sombre nous unit le Dictateur et moi, des idées, des conceptions avant tout.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Faire passer ma vie avant celle des autres, vous plaisantez j’espère ? Je ne bougerais pas le petit doigt. Et puis c’est quoi juste ou injuste ? Des mots qui une fois prononcés ou écrits peuvent perdre tout leur sens en un instant. Je n’ai que faire de ce qui est juste aux yeux de la majorité de toute façon. Tant que je me porte bien… Voilà l’essentiel pour moi. Qu’importe ce qui est juste ou ce qui ne l’est pas ? Je m’occupe très peu des autres ou alors il faut que j’aie un intérêt particulier.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Par logique, je dirais que diviser pour mieux régner est une très bonne chose d’autant plus lorsque l’on a à faire à une population somme toute assez diversifiée que celle d’Oranda. Quoi de mieux pour garder tout ce joli monde sous contrôle ? On m’a depuis toujours conté que c’était normal qu’il en soit ainsi mais j’ai ma propre opinion et rien ni personne ne pourra la changer, elle est immuable. Je me réserve le droit de penser malgré les croyances ancestrales et ce que nous ont raconté les plus anciens. Fermer les frontières n’est à mon sens pas une solution, on ne peut empêcher l’eau d’une source de couler sur la roche. Se mélanger est naturel et rien ne saurait empêcher cela. Ce n’est pas car on nous dit qu’il faut évoluer ensemble dans un même élément que c’est la seule et meilleure vérité. Pour ma part, je suis pour une dictature générale sans frontières, voyez ? Je soutiens le Dictateur mais je trouve que ce système pourrait encore être amélioré et élargi à tous les éléments. Ce serait une folie que de le dire, aussi je le garde pour moi.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
Je ne crois que ce que je vois, mais je ne refuse pas de croire à l’impalpable. Certaines choses peuvent être vraies après tout. Je ne pourrais pas le garantir tout comme je ne garantirais pas que rien ne peut être vrai.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
Minimum 150 mots demandés
Si je devais m’opposer à quelque chose, ce serait bien à l’égalité, l’abolition des castes etc. Je suis pour la dictature la plus cruelle, pour la suppression des frontières, certes mais dans l’unique bût d’asservir tout le monde. Je me fiche de l’homosexualité ou du droit à la polygamie, cela m’est bien égal. A quoi voudriez-vous que je m’oppose dans un monde où tout ou presque m’indiffère ? Je m’opposerais certainement à la droiture comme valeur imposée, par exemple chez ces pauvres hommes de l’ouest si je ne m’abuse. Comment peut-on prétendre à cela ? Etre soi-même droit selon certains critères établis et attendre la même chose de ses semblables n’est pas mieux que de les rendre esclaves. Ce n’est certainement en rien meilleur que l’esclavage. C’est une pure folie. En revanche, je me battrais pour l’unité des éléments car nous séparer a été selon moi une façon de créer plusieurs pouvoirs, des castes dirigeantes multiples sans intérêt au regard des nations. Les gens et eux seuls devraient être décisionnaires, non pas au sens premier, non car ils seraient libres de tout décider par eux-mêmes, mais simplement car ils sont pareils. Les éléments ne nous séparent que parce qu’on nous l’a inculqué depuis notre plus tendre enfance. La vérité, c’est que nous serions tous pareils et bien contents d’être réunis. Imaginez une dictature nouvelle où chacun serait réuni, peu importe son élément.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
Minimum 350 mots demandés
J’ai assisté à de nombreuses punitions de gens qui s’étaient rebellés. Le dictateur les a châtiés comme il se devait. Ces cérémonies punitives m’ont appris que les plus forts devaient préserver la paix et que pour ce faire aucune pitié n’était utile ni nécessaire. Etre charitable avec ses détracteurs c’est être faible. A Sezni nous sommes des hommes forts, des hommes de pouvoir, nous aimons l’exercer sur les autres. Nous n’aimons pas que les autres nations nous contrôlent mais nous aimons le pratiquer à leur encontre. Pourquoi se voiler la face ? Punir les indésirables et les rebelles fait partie des règles du jeu. Les puissants dominent les plus faibles, cela a toujours été ainsi et sera dans l’avenir. C’est un cycle quasi logique et naturel auquel on ne peut échapper. Voir ces pitoyables rebelles réduits à la servitude m’a comblé et j’ai su alors que ma destinée serait aussi bien politique mais dans l’ombre. Je ne suis pas de ceux que l’on peut acheter avec un poste officiel et j’y vois également une sorte d’asservissement personnel. Au contraire, j’aime la liberté de l’anonymat, la création sans signature de conceptions nouvelles. Je suis un homme d’avenir.
Mais c’est la rencontre et la conquête de ma femme Hazel qui m’ont le plus marqué ces dernières années. Il faut dire que je n’étais pas insensible à son charme dès le premier regard. Je l’ai tout de suite remarquée et longtemps courtisée par la suite sans perdre mon haleine avec la seule idée en tête qu’elle devienne mienne. Ce ne fut certainement jamais totalement fait mais en ce qui me concerne, je suis au moins satisfait qu’elle soit devenue ma femme. J’ai mis beaucoup de temps pour obtenir son aval pour notre union. Elle n’était pas partante dès le départ pour unir son existence à la mienne. D’abord réticente, elle a fini cependant par accepter l’idée de notre union. Je lui en veux peut-être un peu pour cela même si c’est sans importance aujourd’hui. J’ai longtemps eu l’impression de vivre une histoire à sens unique et de plus cela m’a un peu épuisé de la conquérir. A présent, je suis très autoritaire et sans doute jaloux, je crains qu’elle ne m’échappe. La première chose que l’on remarque d’un homme tel que moi sont mes défauts mais peu savent la vie que j’ai menée et la difficulté que m’a apporté cette femme pour la séduire. Ce n’est pas car je suis très possessif, autoritaire ou que je peux me montrer extrêmement jaloux, que j’aime moins Hazel pour autant. Certes, notre histoire n’a pas vraiment duré mais elle a au moins eu le mérite d’exister avec des hauts et actuellement beaucoup de bas, j’en conviens. Le temps et lui seul nous dira si je me suis trompé, si finalement, il aurait mieux valu que je passe mon chemin. C’est mon analyse logique actuelle même si les sentiments que je porte à Hazel me disent que j’ai eu raison. C’est aussi le problème des coups de foudre à ce que l’on dit, ils ne durent pas dans le temps. Cependant, je ne regrette rien et ai été heureux de posséder ce joyau rare à mes yeux le temps de quelques instants de bonheur, certes éphémères. Aujourd’hui encore, beaucoup d’hommes lui tournent autour, chose qui a le don de m’agacer, pire encore, de me mettre en colère. Je sens qu’elle m’échappe et dès lors je peux me montrer très autoritaire. Je n’accepte pas l’indépendance de ma femme et ferais tout pour me mettre en travers de son chemin si elle devait remarquer un autre homme que moi.
+ Quel est l'impact des récents événements sur ta vie ?
Minimum 50 mots demandés
J’ai horreur des assassinats. Mais j’ai tout autant horreur ou presque de ces fêtes données en l’honneur des dieux, quels dieux ? Je vous le demande… A-t-on jamais vu un dieu élémentaire ou un dieu se promener au milieu de la foule ? Je ne crois que ce que je vois. Que dire de ce dieu que l’on nomme Jalahiel ? Je n’ai rien à dire ou à redire. Si je devais croire à quelque chose ce serait plus à une idée, un principe qu’à un dieu. Si dans notre région l’eau s’est faite rare c’est qu’il faut y remédier dans l’urgence et non y voir là, la punition d’un quelconque dieu, je trouve cette idée absurde et révolue. Si la mort nous a séparés et surtout les classes dirigeantes, si les trêves ont été rompues, c’est surtout dû à la nature humaine. Les ténèbres qui nous attendent ne sont autres que chaos dû aux agissements des hommes. Il n’y a rien de divin là-dedans.
+ Une dernière chose...
Je suis pour une dictature sans concessions et ma première servante ne sera autre que ma femme, je la réduirai à rien, elle sera moins qu’une esclave. Sa liberté ne sera que poudre aux yeux afin de mieux l’asservir. Ses allées et venues non contrôlées en apparence n’auront plus aucun secret pour moi et je saurai tout de ses fréquentations. Que croyez-vous ? Ceux que je fréquente seront les premiers à tomber sous ma coupe. Je sais manipuler et œuvrer en conséquence. Je serais bien meilleur dictateur que celui que je soutiens, si toutefois on m’en donnait l’occasion, mais les occasions se saisissent au vol… Je ne suis pas né pour que l’on m’inculque la discipline et j’ai une sainte horreur de l’armée bien qu’une bonne armée est nécessaire pour maintenir l’ordre et la paix. Diriger les autres est ce que je préfère. Je trouve primitive la dictature en place car elle a les formes d’une dictature, élisez moi quand les frontières seront détruites et vous verrez qu’une dictature peut prendre des formes nouvelles plus séduisantes d’une cage dorée… Du moins pour les autres. Ma femme ? Je la corrigerais avec mon ceinturon à la moindre erreur et elle viendra à moi sur un simple claquement de doigts. Je ne suis pas un homme doux et ma douceur apparente n’est qu’une arme, un moyen de contrôle ou de suprématie. Je suis fourbe, solitaire et indépendant, qu’on se le dise.