+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Je suis originaire de Vainui où j'ai passé toute ma vie à vrai dire. Je suis né à Ibaï où réside ma famille, mais j'ai passé une bonne partie de mon enfance à Asgeir, un des plus grand village de Vainui. Une enfance loin des soucis de la grande ville et de la politique, ma mère tenait à ce que ma soeur et moi en soyons épargnés. Cela a grandement influencé ma vie. Je ne peux nier que ma terre natale a une place bien spéciale dans mon coeur, ce qui m'a poussé sans aucun doute à choisir la voie que j'ai emprunté. J'ai eu l'occasion de venir plusieurs fois à Dahud, pour rendre visite à ma soeur, et aujourd'hui j'y suis depuis peu installé. Quitter Vainui n'a pas été facile, mais c'était l'étape suivante, et je m'y suis préparé depuis des années. De plus, j'espère pouvoir renouer réellement avec ma soeur ici.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Ma famille est une des grandes familles de Vainui, une place qu'ils ont gagné et su conserver à la sueur de leur front. Si lors de ma naissance elle était déjà bien installée, sa réputation faite, ce n'était pas le cas il y a quelques générations. Une place qu'elle doit donc consolider avec chaque nouvelle génération, ce qui s'est fait sans problème. J'ai suivi dans cette tradition avec plaisir, je suis particulièrement attaché à ma famille qui mérite beaucoup de respect. Je suis le cadet de ma fratrie, ma sœur ainée qui ne l'est que de trois et moi avons été élevés ensemble jusqu'à sa cérémonie. Maîtrisant l'air elle a du nous quitter ce qui a été un déchirement pour moi. Mes parents ont été très pragmatiques, ils se sont assurés qu'elle trouverait de quoi vivre correctement, et ont eu la chance qu'elle soit prise en main par une bonne famille de l'air. En toute discrétion. Depuis personne ne parle plus d'elle, d'autant plus que ma mère a choisit d'avoir un autre enfant. Lorsque ma plus jeune sœur est née ma mère a vu sa venue au monde comme une bénédiction, une fille pour remplacer celle qui était partie et c'était tout. La décision a été dure à vivre et je suis le seul de ma famille encore en contact avec ma sœur bien que je ne le crie pas sur tous les toits pour ne pas réveiller de blessures, et parce que le sujet est encore douloureux, vécu comme une honte par mon père. Toutefois ils ont bien agi et je ne peux leur en vouloir. J'étais déjà le garçon qui cristallisait tous les espoirs de ma famille, mais ce fardeau s'est fait plus pesant encore, et aujourd'hui je sais qu'ils comptent grandement sur moi. J'ai réussi, j'ai su concilier mes aspirations et les leurs, et bientôt je scellerai sans doute la dernière alliance dont ils avaient besoin par mon mariage.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
J'ai toujours été curieux de voir à quoi ressemblait le monde en dehors de Vainui mais je n'ai jamais envisagé de vivre ailleurs qu'à Vainui ou Dahud. L'idée de vivre à Dahud ne date pas d'hier, en partie pour y revoir ma sœur, mais surtout parce que je veux être utile à ma terre natale et que je sens qu'aujourd'hui Dahud est une plaque tournante que nous devons prendre en compte. Etant donné ma maîtrise de l'eau je ne pourrai vivre ailleurs que Vainui ou Dahud, mais j'aimerai vraiment découvrir les autres pays, imaginer d'autres façons de vivre totalement différentes de la mienne... Le choc à Dahud était déjà important, je n'imagine même pas m'immerger complètement dans une autre culture, même si j'aimerai énormément cela.
+ Quel est l'élément que tu haïs au plus haut point ? Pourquoi ?
Haïr est un mot particulièrement fort et je dois avouer que je n'arrive pas à haïr tout un peuple basé uniquement sur son don. On peut haïr une personne et faire une généralité basé sur sa classe sociale, ses opinions politiques, religieuses, mais ce serait faire une grave erreur. J'en suis pour ma part incapable. Il n'y a que peu de gens que je hais, la plupart des gens qui m'ont déçu, blessé ou trahi me sont indifférent. Haïr quelqu'un me semble contraire à mon éthique, ou peut-être ais-je été suffisamment chanceux, suffisamment protégé toute ma vie pour ne jamais ressentir quelque chose d'aussi tranché. C'est vrai que j'ai une méfiance naturelle envers ceux qui maîtrisent le feu, de par la situation politique actuelle, mais on ne peut haïr une force de la nature. Je trouve en chacun des valeurs nobles et louables, j'apprécie l'équilibre des maîtres de l'air et la patience et le travail acharné de la Terre, ce sont des valeurs que je partage mais je dois avouer admirer la fougue et la passion du feu que je ne retrouve pas en moi. Il n'est pas question de haïr un élément, mais peut-être des gens, des gouttes d'eau dans la mer qui pourraient parfois la teinter si on se laisse berner.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Il est difficile de faire une carrière dans la politique avec des secrets que l'on pourrait utiliser contre nous, de la même manière qu'à trop tremper dans ce milieu je me suis rendu compte qu'il est facile de prendre des décisions ou d'entériner des actions qui devront rester cachées. Toutefois je me suis fait un point d'honneur à arriver où j'en suis avec des mains propres. Je n'ai guère de secrets à cacher, mais je ne peux nier qu'il y a un élément de mon passé que ma famille refuse d'étaler et s'est efforcée de maintenir discrète. Ma soeur lors de la Cérémonie s'est révélé maîtriser l'air. Mes parents ont tenté d'étouffer l'affaire discrètement et s'il ne s'agit pas d'un secret il s'agit en tout cas de quelque chose dont nous ne parlons plus aujourd'hui.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
En tant que conseiller mon rôle au sein de la région a été d'apporter mon soutien à la famille dirigeante de l'eau. J'ai été là-bas chargé de nombreux dossiers assez variés touchant généralement aux relations diplomatiques avec les autres nations à Vainui ce qui m'a permis de continuer mon travail à Lucrezia où j'ai intégré l'équipe de conseillers autour de la famille régnante. Mon rôle est assez restreint, et principalement consultatif, mes origines Vainuiennes jouent dans mon appréciation des situations et cela leur permet de s'appuyer sur moi dans certains cas. Ma connaissance extensive des lignes diplomatiques de Vainui ainsi que ses traditions me permet de soutenir de bonnes relations entre Vainui et les Kunan. Il m'arrive aussi d'épauler la famille dans des taches plus classiques en lien avec Vainui, comme aider des commerçants à s'ouvrir à l'export vers Vainui ou faciliter l'implantation de commerces d'importation de Vainui à Lucrezia.
En partant de Vainui, on m'a aussi fait comprendre à demi mots que l'on attendait de moi que je sois d'abord loyal à Vainui et qu'en ce sens, il serait de mon devoir d'informer la famille royale de toute déviance ou affaire qui n'irait pas dans l'intérêt de Vainui. Mais j'ai bien l'intention de faire ma vie à Lucrezia et je ne préfère pas penser à ce genre de choses pour le moment.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
C'est une question complexe pour moi, cela dépendrait bien trop des circonstances. Il arrive rarement qu'une mise à mort soit totalement infondée, mais si j'avais tous les éléments en main me permettant d'avoir suffisamment de preuve pour affirmer que la personne est innocente ou suffisamment pour mettre en doute sa culpabilité, je n'hésiterai pas à agir. Sanas cela, j'estimerai que les responsables de la mise à mort ont posé ce verdict en toute connaissance de cause et je ne remettrai pas en doute le bien fondé de leur décision.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Cette séparation a toujours été, je ne vois pas pourquoi il faudrait remettre en cause un système qui a toujours marché. Cette séparation a certainement une bonne raison d'être et d'avoir persisté, pourquoi renverser un système qui marche ? Bien sûr, quelque part, j'aurai souhaité que ma sœur et moi n'ayons jamais été séparés, mais il faut penser au bien commun. De toute façon ce n'est à vrai dire pas quelque chose sur quoi j'ai réellement réfléchi, pour moi c'est évident, et surtout c'est ainsi. Et je ne vois pas ce que cela apporterait en plus.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
Il me semble que rien n'est impossible et que tous les mythes doivent avoir un fond de vérité. Toutefois, la déformation qui doit nécessairement découler d'un tel mythe amènerait surement à ce que la vérité soit bien différente. Après des centaines d'années que certains parmi nous évoluent, ou bien qu'une tribu ait pu hériter d'un don différent des notres... Pourquoi pas. Toutefois, si cela devait être vrai, il y aurait eu des preuves. S'il y a un fond de vérité, si certains maîtrisent la matière, alors ils ne doivent surement pas être parmi nous. En même temps, si les racontards sont vrai, cela ferait froid dans le dos.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
J'ai bien des valeurs que je défends, certainement avec plus de fermeté que d'autres. Il y a toutefois un concept que je soutiens particulièrement, celui du vivre ensemble et tout ce qu'il suppose. Vivre ensemble c'est accepter les compromis, accepter que chacun ait sa place. C'est respecter les différences des autres.
Si je devais m'opposer à quelque chose... C'est plus compliqué. Il y a des valeurs, des concepts que je n'ai personnellement pas, ou qui me sont indifférentes, mais de là à m'y opposer... Peut-être l'hubris est le concept que je tiens le plus en horreur. Chacun a sa place dans notre société, mais se croire supérieur, vouloir l'être, être rempli d'égo et se penser meilleur que tout un chacun en piétinant les autres... Certains se verraient bien être l'équivalent de nos divinités, il n'en est rien et ces gens ne doivent pas un seul instant être jugés comme digne de quoi que ce soit et encore moins de quelque forme de confiance qui soit.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
- Elle ne reviendra pas Adriel. Elle ne peut rester parmi nous et vivre ici si elle maîtrise l'air. Reika ne reviendra pas.
Je ne me rappelais plus combien de fois ma mère et mon père avaient du me répéter ces phrases avant que l'idée ne fasse son chemin dans mon esprit. Je venais de fêter mes douze ans, et j'avais hâte de voir ma sœur rentrer de Lucrezia et me montrer son tatouage, ce qu'elle saurait faire de son don, et que j'espérais secrètement qu'elle m'enseigne comment utiliser le mien. Cela ne m'avait pas inquiété lorsque mon don avait semblé commencer à se manifester quelques semaines avant mon départ, mais j'avais lu l'angoisse dans le regard de mes parents. Reika n'avait jamais montré quoi que ce soit, et aujourd'hui cela s'expliquait. J'avais douze ans, et je venais de perdre ma grande sœur, mon roc. Mes parents avaient perdu leur fille aînée, leur espoir d'un mariage qui stabiliserait leur nom, et j'étais subitement propulsé fils aîné, sur qui reposerait désormais le double d'espoir. Ma petite vie allait être bouleversée, et je devrais retourner à Ibaï, et ne plus jamais évoquer ma sœur en public. Je compris d'ailleurs bien vite qu'il n'en serait plus non plus question en privé, son simple nom esquissé suffisait à faire serrer les poings de mon père et monter les larmes aux yeux de ma mère. Pourtant, bien vite, tout le monde se plia à ces non-dits et plus personne n'évoqua Reika. Et moi avec. Mon enfance serait désormais derrière moi, je portais les espoirs de ma famille qui devait pourtant de nouveau s'agrandir, ma mère tomba enceinte peu après le départ de Reika. Une fille. Pour remplacer celle qui était partie, remercions Glorë. Moi, je ne l'oubliais pas. Des années à correspondre, parfois peu, mais le lien devrait rester, je me le promis à ce moment. Elle resterait ma sœur quoi qu'il arrive. Cela ne changeait rien au système, cela ne voulait pas dire qu'il était mauvais ou injuste, il était ainsi et c'était tout. Rien ne m'interdisait de continuer à l'aimer et à la soutenir.
+ Une dernière chose...
Je suis fiancé depuis peu, ou plutôt je le serai dans peu de temps. Je n'ai pas choisi la jeune femme qui sera bientôt ma femme, mais elle apportera le soutien nécessaire à ma famille et je suis heureux de contribuer. Bien sûr, j'aurai souhaité choisir celle avec qui je devrais passer le reste de ma vie, mais pour être honnête, et c'est peut être là le secret que je ne saurai avouer, je n'ai jamais réellement aimé qui que ce soit. Du moins pas assez pour réellement en être sûr. Il y a eu des flirts, des amourettes, peut-être que je savais qu'elles n'étaient pas assez bien pour mes parents ou qu'ils avaient d'autres aspirations pour moi et je ne me suis pas laissé m'attacher. Peut-être ais-je trop été concentré sur ma carrière. En tout cas, j'espère trouver une amie et une alliée, quelqu'un sur qui compter et qui pourra compter sur moi. Quelqu'un avec qui vivre dans le respect, et je prie pour qu'il engendre cet amour que je n'ai jamais trouvé ailleurs. Mes parents ont été heureux ensemble, alors je ne m'inquiète pas.
Il me semble aussi important de mentionner que j'ai un attachement particulier à mon don. Après l'épisode désastreux de la cérémonie de ma sœur, j'ai senti la pression de mes parents et leur inquiétude qu'il m'arrive la même chose. Au retour de la cérémonie leur soulagement a été immense et j'ai vite réalisé que me voir utiliser mon don leur amenait de la fierté et du soulagement. Mais bien plus que de rassurer les parents, ma relation avec mon don a été une bénédiction. C'était comme une évidence, une force apaisante qui m'ancrait, un lien qui me rattachait à tout ce qui m'entourait, qui me reliait profondément à mon peuple et ma terre. Travailler mon don est vite devenu un rituel nécessaire, une discipline rigoureuse que je m'imposait mais qui s'imposait bien d'elle même. Répéter les mêmes mouvements, inlassablement, sentir les changements autour de moi me faisait prendre le recul nécessaire sur ce qui m'entourait, calmer les émotions qui parfois avaient le meilleur de moi. Mon don devint bien vite ce qui m'équilibrait en profondeur, m'apaisait et me donnait la détermination nécessaire. Il était devenu mon équilibre.
+ Et enfin, pour ce qui est du niveau de ton personnage :
Je souhaite avoir le niveau
6 car il est cohérent avec mon âge qui est de
36 ans et parce que
Adriel s'est toujours énormément entraîné pour son don, de manière à rendre ses parents fiers et les rassurer. Il s'est donc entraîné toute sa jeunesse et y trouve l'équilibre et la méditation qui sont la fondation de son caractère apaisé. Travailleur acharné, il voit l'entraînement de son don comme une manière de s'ancrer en harmonie avec ce qui l'entoure, son peuple, et son environnement.