+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Je suis née à Sezni dans la région sous la dominance de l'élément feu et y ai grandi et vécu durant quatorze ans. Puis il y eut le coup d'état de 830. Sven Ramose, qui a pris le pouvoir mit alors notre famille en place comme représentant du Feu au sein de l'oligarchie de Dahud. A vrai dire, même si j'ai passé la plus grande partie de mon existence sur les terres qui m'ont vu naître, je ne les affectionne pas plus que cela. A vrai dire pas du tout. J'y trouvais de maigres avantages et beaucoup d'inconvénient. J'aime bien plus Dahud. C'est un espace beaucoup plus ouvert où je me sens moins étouffée, plus libre, entourée de tellement plus de possibles. Ce n'est pas parfait. On ne peut pas trop en demander en étant une femme Ergorn. Mais c'est mieux que là-bas.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Comme on dit, on ne choisi pas sa famille. Je crois qu'en terme de bonne relations et d'amour on a déjà vu mieux que chez nous. Déjà, des problèmes sont prévisible dès lors que chaque mariage se fait par un arrangement qui exclu toute volonté des deux parties concernée. C'est comme cela qu'une femme douce et intelligente comme ma mère se retrouve avec une brute bornée et égocentrique comme l'homme qui m'a donné mon nom. Je n'ai pas vraiment envie d'épiloguer là-dessus, il ne le mérite pas et je ne lui ferait pas le plaisir de pleurnicher. Cela serait d'ailleurs sans doute trop jouissif également pour mon cadet qui tient bien trop de son père pour que je n'entretienne un lien fraternel avec ce dernier. Il est d'un tempérament arrogant et colérique, père lui passe tout, le chéri, et c'est que ce petit merdeux en vient même à frapper notre mère! Et ce dernier me montre à peu près autant de considération. La seule erreur que nous ayons commise c'est de naître femme.
Fort heureusement notre famille n'est pas faite uniquement de monstre au sein de la gente masculine. Mon benjamin est un ange, véritablement, et je suis aussi très proche de mon oncle que je trouve admirable. J'aime aussi profondément ma mère. Ce sont là trois personne avec qui j'ai un véritable lien et dont je ne pourrait décemment pas souffrir la perte. Les gens à qui l'on peu vraiment s'ouvrir se font si rare et je compte bien préserver cette petite famille là que je tiens à part du reste de la filiation dont je pourrai bien me passer.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
On me crucifiait sans doute sur place si je disais à voix haute chez moi que je n'ai jamais rêvé d'aller plus quelque part que dans la région de Vainui, au Nord d'Oranda. Ce n'ai pas comme si notre filiation était particulièrement adapte de l'élément eau. Mais ne peut on pas comprendre que ces grandes étendues blanches ainsi que ces montagnes dont parlent les livres m'intrigues ? Je veux voir des ours blancs et des caribous. Tout cela semble magnifique, impressionnant même.De plus je ne crains nullement le froid, ce qui est un autre point positif.
+ Quel est l'élément que tu haïs au plus haut point ? Pourquoi ?
Pourquoi haïrais-je un élément plus qu'un autre ? Ce n'est pas comme si on avait le choix du don qui nous était conféré, pas plus que notre couleur de peau, notre taille ou nos cheveux. C'est purement et simplement abruti. Le problème ce ne sont pas tellement les éléments que les identités qui se sont créées autour. Avec toutes ces soit dis en valeurs qui enferme les gens dans des cases et qui sont enseignées bien plus comme on diffuse de la propagande que comme on éduque un esprit libre, bien pensant et véritablement valeureux. Chez nous, les enfants du feu je veux dire, parmi nos trois grandes valeur il y a l'ordre et l'honneur. Il suffit de se pencher sur ma famille pour questionner tous ces beaux principes. Je parle de ce que je connais, mais je ne doute pas qu'il en soit de même ailleurs. Aussi je ne crois pas qu'il ait de bons ou de mauvais éléments mais plutôt de bons ou de mauvais principes, de bonnes ou de mauvaises personnes et ce n'importe où.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
On a tous un secret, une chose dont on ne peut pas parler, que cela soit parce qu'elle nous fait honte ou bien encore car cela nus apporterai tout bonnement de gros ennuis. Mon non dit à moi rentre plutôt dans la deuxième catégorie. Pendant quelques mois, il y a quelques mois déjà, j'eu une relation avec Klaus BRUHUS, un membre de la branche mineur de la famille Kunan, les représentants de l'eau. Personne ne savait, il valait mieux pour nous. Mais c'est fini maintenant. Un peu de ma faute, mais jamais je ne l'avouerai. Il faut dire que c'était couru d'avance vu nos situations respectives.
- description du lien:
De simple mains qui se serrent puis un peu plus tard une discussion banale sur un balcon, mais le courant passe bien, c'est juste naturel, ils se trouvent peut-être mignons mais on y pense même pas. Déjà que de l'amical n'est pas le bienvenue vu leur famille respective.
Puis ils se croisent à nouveau quelque semaines plus tard (2 ou 3), Lyn sort juste de chez l'apothicaire chez qui elle est apprentie. La conversation se lance facilement, Klaus est un gamin cultivé et leurs études les intéressent l'un et l'autre mutuellement. Ils marchent juste un peu en bavardant. Lyn a pas vraiment envie de rentrer chez elle (ce qui peu se comprendre) et poursuit un peu la conversation en déambulant au marché.
Ces retrouvailles après le boulot deviennent une espèces de petit rituel, ils se rapproche assez rapidement. C'est un fort contact dans le regard, des taquineries qui servent aussi à esquiver toutes les questions que deux âmes assez distantes cherchent à éviter, un questionnement sur l'autre, qui malgré des similitudes restent énigmatique; un certaine forme de confiance ou tout du moins d'insouciance ensemble : parce que finalement "on ne fait rien de mal ? " On nie un peu une obsession progressive ,mais on se retrouve de plus en plus souvent en inventant des prétexte pour sortir, on prend sur les heures de déjeuner. Et tout ça devient de plus en plus ambigu jusqu'au moment ou on se retrouve après une crise de fou rire à moitié effondrés l'un sur l'autre, qu'il y a se long regard et hop.
Sauf que derrière Lyn refuse de se confier sur sa vie familiale tourmentée. Et quelques mois plus tard quand ça devient un peu torride et que tout semblait aller pour le mieux entre eux, la jeune fille le repousse assez violemment quand Klaus essaie de retirer un morceau de tissu qui aurait alors dévoilé une marque laissé par les coups du paternel. Pensant simplement qu'elle n'est pas prête Klaus se montre compréhensif, sauf que Lyn est sur la défensive et fait dérailler la conversation malgré toute la bonne volonté et l'innocence du jeune homme. Les mots dépassent ses pensées quand elle s'emporte. Tout se finit sèchement. Elle regrette mais refuse (par fierté ou par peur, ou les deux) de tenter de réparer les choses. Et si Klaus essaya une fois, le côté tête brulée de Lyn associé à l'euphémisme de "mauvaise matinée" chez les femmes Ergorn se solde par un échec.
Pendant un long moment ils évitent que leurs regards se croisent quand ils passent par le même, passages, font même des détours, c'est froid et distant. Puis parfois se perd un regard étrange ou se mêle rancoeur et regrets.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Ma famille est riche et importante au sein de la vie politique mais je n'y prend pas part. La position des femmes n'est comme qui dirait pas bien glorieuse. Donc au lieu de m'éduquer moi à prendre sa relève, mon père préfère largement mon abruti de cadet, aussi macho que lui, dégouté d'avoir pour aînée une fille. Je trouve cela dégueulasse. J'aimerai bien pouvoir faire bouger les choses et donner mon avis, je n'ai pas encore cette chance. Mais je ne désespère pas complètement les bras. Le renoncement est quelque chose de triste. En attendant je profite ma formation d'apothicaire et traine dans les bibliothèques pour avoir le bagage nécessaire pour me sentir autonome ainsi que la culture suffisante pour survivre dans le monde corrompu de la noblesse ainsi que de la politique.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Je crois que j'évaluerai déjà la situation. Pas trop en détail car mon côté tête brulée est assez capricieux, mais je ne suis pas non plus suicidaire. Disons que s'il n'y a absolument aucune chance aucune et que le seul résultat serait de mettre en danger d'autres personnes ou de finir à coup sûr à la place du condamné sans qu'aucun résultat ne soit à espérer, je m'abstiendrais à contre coeur. Dans le cas contraire, à la moindre petit, infime possibilité, je pense que je pourrais créer un scandal. Sachant que pour commencer, je suis contre la mise à mort. Après il y a sans doute un écart entre nos idéaux et la réalité, je l'ai souvent constaté et cela serait sans doute présomptueux de se placer sans réserve au dessus de ceci.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Je trouve surtout cela contre productif et profondément débile. Je crois aussi que c'est un bon moyen pour maintenir en place des systèmes injustes et inégalitaire comme on en trouve à la pelle à Oranda. Après tout il vaut sans doute bien mieux pour les riches et les dirigeants que les éléments s'unissent les uns contre les autres ou soient séparées plutôt que ces derniers ne se réunissent pour réclamer un peu plus de liberté ou d'égalité. Ce fonctionnement tourne bien d'ailleurs. La séparation engendre l'incompréhension, la rivalité, voir de la peur et de la haine qui se cultive, se transmet, croît. Jusqu'à un certain point seulement j'espère.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
C'est difficile à savoir mais tout le monde chez moi semble y croire. Aussi cette potentielle cinquième présence d'un élément ne semble pas réjouir mon paternel qui paraît y trouver une menace. Pour le moment je reste septique cependant je ne me ferme pas à cette idée. Après tout le monde est plein de surprise et de mystère. Mais je ne vois pas pourquoi un peu plus de différence viendrait autant inquiéter. C'est bien le problème, notre société n'est pas adepte des changements ou des remises en question.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
Je défendrai la tolérance et le respect, l'ouverture d'esprit. Pourquoi la différence serait-elle une mauvaise chose. On se ferait chier si tout se ressembler. Et peut-on également blamer quelqu'un pour quelque chose qu'il n'a pas choisi, comme sa naissance, son élément ? Je trouve ça idiot et mesquin. Je ne vois même pas pourquoi on devrait débattre là-dessus. Ceci me paraît pourtant tellement naturel et évident. Et si je devais m'opposer à quelque chose ? Si je devais m'opposer à quelque chose... Je dirais l'intolérance ? Je me moque de vous ? Non bon d'accord, j'ai compris. Autre chose. Je dirai la "supériorité" masculine, la peine de mort, la censure, la torture, la violence gratuite, la dictature le passage obligatoire de toutes les épreuves à 16 ans ( un traumatisme qui reste ).
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
Je n'ai pas grand chose à dire pour être honnête. Je ne dirai pas que j'ai eu une petite vie bien tranquille et monotone, au contraire. C'est que mes emmerdes ne constituent pas un évènement marquant mais un quotidien lourd et pesant. Les seules choses qui sortirent un peu du quotidien furent ma relation avec Klaus, que j'ai déjà relatée, ainsi que deux autres éléments traumatisants sensiblement liés l'un à l'autre.
Je ne vous l'ai pas encore dit mais j'ai peur de l'eau dès que je n'ai plus pied. Je sais nager pourtant. Enfin à peu près. Mais plus jeune j'ai failli me noyer. Une bêtise, un jeu entre gamins purement irresponsables, et on appui trop longtemps. Je n'arrivai pas à remonter. J'avais mal, je voulais juste ouvrir la bouche et tout relâcher, je sentais comme des larmes monter et je voulais juste les laisser sortir en pleurant. Mais je ne voulais pas laisser rentrer l'eau. De plus nous étions dans un étant. L'eau était trouble, je ne voyais rien. Je ne sentais pas le sol juste le bout d'une multitude de petite algues poisseuses qui me caresser la jambe et s'accrochaient à mes pieds ainsi que le remue de vase que mes mouvements de jambes frénétiquement désespérées de me faire remonter à la surface agitait. Je devais avoir dix ans. Puis à un moment on ne peut juste plus tenir et l'eau commence à s'infiltrer. Panique, tristesse, peur, angoisse intense. On m'a sortie de l'eau à temps. La soeur d'un ado abrutit du groupe qui m'avait mise dans cette détestable position sans se dire que sa pouvait aller aussi loin, sans penser à une autre conséquence qu'une peur qui semblait les amuser. Du moins jusqu'à ce qu'il m'observe peiner à recracher l'eau après avoir commencer à imaginer leur sorts pour avoir conduit la fille d'une des plus puissante famille de la région à la mort.
Enfin du coup, j'ai une peur panique, une véritable phobie. Ce qui conduit donc au deuxième évènement. On a voulu me faire chercher ces putains d'objets dans le lac. Immergée à la poitrine j'ai entamée une véritable crise de panique, je me suis mise à pleurer et à suffoquer. C'était en même temps effrayant et humiliant. Une étape qu'on n'a pas non plus manquer de me rappeler par la suite. Comme si c'était drôle.
+ Une dernière chose...
Vous en savez maintenant bien plus que la plupart des gens. J'ai sans doute oublier des choses mais il faut bien conserver un peu de mystère. Aussi si vous faite lire ici à une tiers personne, c'est sans doute moi qui me chargerai de vous noyer. Ou bruler, des fois que vous respiriez sous l'eau, vous.