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Dans la foule et les groupes qui se formaient naturellement, j'aperçus Efrem de loin. Il fallait que je le vois... Depuis mon excursion infernale à Sezni, sans prévenir personne, il devait s'inquiéter. Se trouvaient également d'autres visages connus que je n'osais pas aborder. Bien des choses avaient changé et je n'étais pas sûre de pouvoir les assumer devant eux. Espérant de croiser Nymeria et Brehn, je m'avançais de façon plus risquée, m'éloignant de Ranrek. Lors que je discernai les atours de la royauté Vanuine, je fus bousculée : un Terre révolté qui fut bien vite maîtrisé. Suivant son arrestation du regard, lorsque je me retournai, je vis les jeunes mariés et les autres Drogon encerclés par la garde royale. Mes chances de les voir étaient, par ce geste, bien amoindries. Regardant autour de moi les badauds rassurés mais toujours inquiets, je me reculai pour m'éloigner de ce bain de foule qui m'insupportait. Dans ce petit tumulte, j'avais perdu Ranrek de vue. À vouloir m'éloigner, je reconnu de dos une silhouette et une chevelure qui ne m'étaient plus inconnues. Alors que je l'avais longtemps laissées enfants, figée dans le marbre de mes souvenirs, Hly'tha avait revêtu des allures bien plus graciles et toujours aussi douce. Mon cœur cessa de battre un instant où je restai figée. Tout Oranda semblait être réuni à la capitale aujourd'hui. Bien que ce pouvait être une bonne chose pour retrouver ceux que l'on aime, cela annonçait également que des drames bien plus odieux que lors des festivités pourraient se dérouler. J'avais peur... Un frémissement m'éprit. Je n'avais, étrangement, pas peur pour moi... Ranrek, Hly'tha, Lya, Efrem, Nymeria et Brehn puis... cet enfant... Inconsciemment venue poser ma main sur mon ventre, je me mis à rougir de honte. Tout autour de moi, la plèbe paraissait se mouvoir et parler de façon ralentie. Par-dessus la musique étouffée, je n'entendais que le halètement de ma respiration forte et longue.

Valior et moi portions beaucoup d'espoir à cette rencontre. Peut-être trop. Après tout, les choses paraissaient s'enchaîner miraculeusement bien. Malgré les tensions immuables qui se faisaient ressentir entre nos deux peuples, il était habile de constater de chaque côté un besoin de communiquer. Il leur fallait juste un coup de main. Le coup de main de deux femmes que seuls leurs éléments paraissaient finalement opposer. J'avais beau ne pas nourrir d'affection particulière pour tout être ne partageant pas la communion de Tarlyn, force est de constater la déférence que m'inspirait Elwyn. Nous ne pourrions jamais être amies, ce que soit par la différence de nos éléments, de nos rangs et de nos localités respectives. Toutefois, elle était l'un des rares visages à me laisser entrevoir l'optimiste rebondissement de Dahud. Si ce soir nous obtenions ce pour quoi nous avions œuvrer alors tout deviendrait possible. Une entraide entre deux familles représentantes que les circonstances s'acharnaient à vouloir opposer : c'était le signe fort dont la population avait besoin pour renouer avec l'idée de cette paix fébrile mais pérenne qui s'était installée avant que les drames ne se produisent.

Nous aurions pu gagner beaucoup de temps si seulement le Roi Andar Drogon n'avait pas refusé cette coopération. J'avais en travers cette barrière qu'il s'était entêté à mettre dans cette entreprise. La coopération entre élément était hors de question pour lui. Et ceux même dans une enquête qui impliquait pourtant Airs et Terres, enquête qui fut attribuée aux Eaux. Une preuve de la machine complexe que représentait l'oligarchie Dahudienne. Un système loin d'être optimal pour ce genre de drames. Mais il ne voyait pas les choses de cet œil là. Comme si tout allait rentrer dans l'ordre si aisément en restant chacun de notre côté. C'était une façon de voir très fermée et obtus. Ce genre de façon de penser qui pourrait déclencher des guerres. Je laissai toutefois cette rancœur que je nourrissais pour Andar de côté alors que ma fille se joignit à la conversation. « Quelle fête bien étrange, même la musique semble intemporelle, vous ne trouvez pas ? » J'acquiesçai d'un signe de tête. « Une fête reste une fête, seul le regard que l'on porte sur elle la rend bonne ou mauvaise. Bien que nos cœurs n'y soient pas, essayez de vous détendre et de profiter des festivités. » Reprenant une coupe de vin, j'en bus une gorgée, laissant mon regard se porter sur Jackwen avec une certaine insistance inconsciente qui ne dû pas passer inaperçue.